Colruyt Group Technics, l'une des plus grandes entreprises de réfrigération en Belgique
Des frigoristes ou des techniciens du froid qui peuvent profiter de vacances d'été bien méritées ? « On y travaille et cela me réjouit », affirme Peter Basteleus, responsable du département HVAC. On est une des plus grandes entreprises de réfrigération de Belgique et on n'a dû jeter aucun produit au cours de cet été exceptionnellement chaud. Une équipe d'une trentaine de personnes effectue des entretiens sur environ 500 sites et met en moyenne une nouvelle installation en service par semaine. « Depuis 2014, nous adaptons également nos installations aux gaz fluorés. Nous sommes en bonne voie pour terminer cette transition d'ici 2030. »
On fait appel à ses propres frigoristes depuis très longtemps déjà. Le département d'ingénierie de Colruyt Group, qui est responsable de toutes les techniques du bâtiment - ascenseurs, escalators, sprinklers, eau, meubles réfrigérés, hydrogène, etc. - compte 35 ingénieurs. En 2014, le règlement européen 842/2006, puis 517/2014, a modifié la réglementation en vue de réduire les émissions de certains gaz à effet de serre - notamment les gaz à effet de serre fluorés ou gaz F (HFC, PFC et SF6) - dans le secteur de la réfrigération. Des techniciens en réfrigération agréés et des entreprises frigorifiques agréées sont désormais requis pour s'occuper des installations frigorifiques. On a immédiatement fait le nécessaire pour certifier l'entreprise. Il a fallu non seulement tester et documenter les installations, mais aussi former et qualifier les techniciens.
L'intérêt d'une équipe interne
« Je voulais absolument garder nos frigoristes pour pouvoir agir rapidement. De cette manière, nous ne dépendons pas de tiers et notre client ne doit pas attendre en cas d'urgence. Notre intervention rapide évite les "déchets" et contribue à la durabilité de l'ensemble du processus », explique Peter qui, de cette manière, réduit également au minimum les fuites sur les installations de réfrigération du groupe. « En Flandre, les grands distributeurs ont généralement un taux de fuite de fluide frigorigène de 10 % par an. Dans les petites entreprises indépendantes, ce chiffre est peut-être encore plus élevé parce qu'elles sont moins contrôlées et on ne dispose en outre d'aucun chiffre à ce sujet. Nous limitons ce taux à 3 %. » Comment le service HVAC y parvient-il ? D'une part, en spécialisant ses collaborateurs et, d'autre part, en standardisant autant que possible ses processus et ses installations. Les frigoristes sont divisés en deux services distincts. Le premier, qui compte une vingtaine de techniciens, est responsable des installations des magasins. Le second, composé d'une dizaine de collaborateurs, s'occupe des « grands bâtiments » : les centres de distribution, les salles informatiques et les sites de production, comme la transformation de la viande.
Standardisation, apprentissage automatique et intelligence artificielle
« Dans les magasins, nous parvenons à travailler de manière très standardisée. Nous nous chargeons de tout en interne, de A à Z », indique Peter. Les concepteurs et les ingénieurs de projet suivent un cahier des charges strict, de sorte que les installations sont pratiquement les mêmes dans tous les magasins. Le même capteur se trouve toujours au même endroit dans le tableau. « De plus en plus souvent maintenant, l'installation est placée dans une unité séparée à côté du magasin. » L'automatisation, c'est-à-dire la programmation, est assurée par des programmeurs internes. Le département s'occupe également des achats. Grâce à cette standardisation, il est possible de former des techniciens de manière très ciblée afin qu'ils deviennent des experts dans leur domaine. « Tout collaborateur disposé à suivre des cours du soir peut obtenir la certification de technicien frigoriste à son rythme, en deux, trois ou quatre ans. » La standardisation limite aussi le nombre de pièces de rechange nécessaires et évite ainsi de devoir disposer d'un énorme entrepôt. « Cela nous a également permis de développer notre propre système de détection des fuites », poursuit Peter. Le logiciel d'apprentissage automatique recueille des données à partir de capteurs de température et de pression, de compteurs d'énergie... S'il y a un écart sur un groupe de paramètres, il déclenche automatiquement une alarme de fuite. « Si nous perdons 1 % de gaz réfrigérant, nous le remarquons déjà.
Le système est très sensible. Auparavant, une installation se mettait en panne lorsque les fuites dépassaient 20 %. Ce n'est qu'à ce moment-là que les techniciens intervenaient pour détecter la fuite et résoudre le problème. » Mais le service a systématiquement augmenté la sensibilité de la détection des fuites. Aujourd'hui, elle est presque dix fois plus sensible qu'il y a à peine dix ans. En cas de fuite aussi minime, l'installation, qui comporte d'ailleurs des cuves tampons, ne s'arrête pas, loin s'en faut. Mais les techniciens sont alertés très tôt, peuvent établir leur diagnostic et remédier à la situation. Une telle détection automatique des fuites - il s'agit en fait d'un logiciel d'intelligence artificielle - dans un si grand nombre de magasins n'est possible que si la standardisation est très poussée. Par ailleurs, les techniciens ne font en définitive confiance à un tel système que s'il fonctionne réellement, s'il fait ce qu'il est censé faire et n'envoie pas sans arrêt de fausses alarmes. Et c'est bien le cas ! »
Cercle d'apprentissage
« Nous voyons que le climat change », indique Peter. La conception de nos installations frigorifiques a été adaptée à l'augmentation de la température extérieure. En été, pendant les vagues de chaleur, les techniciens les surveillent de près. Toutes les installations sont affichées à l'écran dans une salle de contrôle. « Nous pouvons les contrôler et effectuer des adaptations à distance. Ce n'est qu'en cas de problème que nous envoyons un technicien. » Une évaluation a lieu après l'été. Sur quelles installations avons-nous observé des problèmes ? Pourquoi ? Si une installation est trop chaude, elle risque de tomber en panne à cause de la pression. Si elle est trop humide, de la condensation peut se former dans le magasin. Selon Peter, le fait que Colruyt Group puisse traverser un été chaud sans encombre est entièrement dû à une organisation épurée. « Nos concepteurs connaissent très bien le client, Colruyt Group. Si ce dernier a une idée, il nous la soumet et nous la développons ensemble. Nos concepteurs accordent une grande importance à la convivialité et à la facilité d'entretien. Une fois qu'une installation est opérationnelle, les techniciens peuvent faire part de leurs commentaires aux ingénieurs du projet. » Ainsi, le cercle d'apprentissage est bouclé très rapidement. Grâce aux informations obtenues à partir de toutes les données, le distributeur transmet également à ses fournisseurs un feed-back sur leurs systèmes de machines et leurs composants. « Nous discutons dans le cadre d'une relation ouverte et les fournisseurs tirent également des enseignements. »
Les grands bâtiments
Pour noss magasins, nous optons pour des installations frigorifiques fonctionnant avec des réfrigérants naturels tels que le propane ou le propène. D'ici 2030, tous les anciens systèmes dotés de réfrigérants synthétiques seront remplacés. Les plus grandes installations - centres de distribution, bâtiments centraux, salles informatiques et sites de production (transformation de la viande) - fonctionnent quant à elles déjà à l'ammoniac. La première installation à l'ammoniac a été mise en service en 1999. Une pompe à chaleur fonctionnant également à l'ammoniac a été placée en 2017. « L'ammoniac est un réfrigérant très stable », explique Peter. Il nécessite uniquement une installation suffisamment grande et un entretien régulier. Car en cas de fuite, l'installation doit être arrêtée pour des raisons de sécurité. Il faut donc une maintenance préventive et prédictive. « La force d'une bonne installation réside dans les connaissances du technicien. » Un technicien est responsable d'une installation. « Il écoute ses appareils et leur prête de l'attention. Il les connaît sur le bout des doigts. Bien entendu, nous fournissons également les outils nécessaires à un bon entretien. » Mesures sur le compresseur, sur les tableaux électriques... « Nous faisons fonctionner l'installation à pleine puissance et dirigeons ensuite une caméra IR vers le tableau pour localiser les éventuels points de chaleur. » Parfois, la redondance apporte la sécurité supplémentaire nécessaire. Les deux grandes salles informatiques fonctionnent en parallèle, mais elles peuvent également prendre le relais l'une de l'autre en cas de besoin. Elles sont alimentées en électricité par différents côtés. Il y a deux groupes de secours et deux installations frigorifiques. « Ces installations fonctionnent encore aux gaz fluorés, mais un réfrigérant naturel sera également utilisé d'ici 2030. »